Le Shin Shin Nanguan Ensemble a pour vocation la conservation et la valorisation de la musique nanguan dans la plus pure des traditions, combinant élégance, saveur et authenticité. Plus qu’un simple ensemble de musique, le Shin Shin Nanguan Ensemble est une pépinière de musiciens. Afin que la tradition ancestrale du nanguan puisse s’enraciner dans notre culture contemporaine, il a élaboré tout un ensemble de programmes d’apprentissage et formé des futurs enseignants. Introduisant un souffle de fraîcheur dans ce monde plein de bruits et de fureurs, le Shin Shin Nanguan Ensemble réaffirme les valeurs traditionnelles de gentillesse, de générosité et de probité.
Le professionnalisme étant l’un des objectifs de Shin Shin Nanguan Ensemble, ses membres cherchent non seulement à perfectionner leurs techniques de jeu et à maîtriser le répertoire traditionnel, mais aussi à approfondir leur connaissance de l’origine et de l’esthétique de la musique nanguan. Des spécialistes ont été invités à donner des conférences et un fonds d’archives contenant les résultats de recherche a été constitué. Par ailleurs, afin de transmettre et de faire revivre cet art plusieurs fois centenaire, un ensemble d’outils pédagogiques adaptés à notre époque a été conçu, avec la mise en place d’un programme de formation progressif et revu en permanence selon les résultats obtenus et le développement de nombreux outils d’apprentissage multimédia comme les CD et les DVD. Puisque la musique nanguan puise toutes ses richesses dans l’esprit fondamental de la culture chinoise, le Shin Shin Nanguan Ensemble exige de ses membres qu’ils dépassent les frontières de la musique pour devenir un lettré accompli selon les préceptes classiques.
Connu aussi sous le nom de "voix du Sud" (nanyin) ou de "mélodies du Sud" (nanqu), le nanguan (littéralement “vents du Sud”) est un genre musical hérité d'une longue tradition et pratiqué en grande majorité par le peuple minnan. Avec les vagues d’immigration qui se sont succédé dans l’histoire de ce peuple, ce style sobre, gracieux et raffiné a conquis de nouveaux territoires tels que Taïwan, Hong Kong, les Philippines, Singapour, la Malaisie et l’Indonésie.
Il a reçu à Taïwan le nom de nanguan par opposition à un autre genre populaire appelé beiguan ("vents du Nord"). Un orchestre de nanguan n’est pas uniquement constitué d’instruments à vent, comme son nom pourrait le laisser supposer, mais d’instruments venant de plusieurs familles différentes. La configuration de base est constituée des "quatre majeurs" que sont le pipa, la flûte de bambou, le sanhsian (luth à trois cordes) et le erhsian (vièle à deux cordes), dirigés par les planchettes rythmiques. Lorsque s'y ajoutent les "quatre mineurs" que sont les petites cymbales, le mini-gong bordé, le jiaoluo et les claquettes sikuai, plus la suona ou la flûte traversière di, la musique prend alors une tonalité plus allègre et plus festive appelée shiyin (“dix voix”).
Née dans le cœur culturel de la Chine ancienne, la grande plaine centrale, la musique nanguan s'est propagé jusque dans la région minnanaise dans les périodes troubles qui ont marqué la fin des Jin (Ve siècle), l’époque des Cinq Dynasties (Xe siècle) et la fin des Song (XIIIe siècle), grâce aux aristocrates qui y ont trouvé refuge avec leur cour et tout ce qu’elle comportait de lettrés et de musiciens. Cette région est ainsi devenue un formidable lieu de conservation de la culture traditionnelle et de la musique nanguan.
Vieille de 2 400 ans, la cithare chinoise – ou guqin – occupe une place de premier ordre parmi les instruments de musique solistes de la Chine ancienne. Attesté par des sources littéraires anciennes corroborées par des découvertes archéologiques, cet instrument séculaire est indissociable de l’histoire des intellectuels chinois, en particulier sous la dynastie des Han. L’art du guqin était originellement réservé à une élite et cultivé dans l’intimité par les nobles et les érudits. Il n’était donc pas destiné à des exécutions en public. Avec la calligraphie, la peinture et une forme ancienne d’échecs, il compte parmi les quatre arts que tout lettré chinois se devait de maîtriser. Selon la tradition, une vingtaine d’années de pratique est nécessaire pour devenir un joueur émérite de guqin. Cet art associe un vaste répertoire de mélodies et de techniques de jeu raffinées, une symbolique complexe et des méthodes originales de notation et de transmission orale.
Le guqin possède sept cordes et treize positions marquant les tons. En fixant les cordes de dix façons différentes, les musiciens peuvent obtenir un ensemble de quatre octaves. Il y a trois techniques instrumentales de base : san (corde libre), an (corde arrêtée) et fan (harmoniques). La première, san, consiste à pincer les cordes de la main droite une par une ou par groupes afin de produire des sons sonores et clairs pour les notes importantes. Dans la technique fan, les doigts de la main gauche effleurent la corde aux endroits indiqués par les marques incrustées, tandis que la main droite pince la corde, produisant un son léger et « flottant ». La technique an fait, elle aussi, appel aux deux mains : la droite pince la corde tandis qu’un doigt de la main gauche appuie fermement dessus et peut glisser jusqu’à d’autres notes ou exécuter diverses ornements et vibratos, le tout produisant des sons délicats et expressifs.
Diplômée de la section Nanguan de l'école d'Art de la province du Fujian, Wang Shin Shin a joué dans l’orchestre de nanguan de Quanzhou, avant de se joindre à l’Ensemble Han Tang Yuefu de Taïwan dont elle a assumé la direction musicale pendant une dizaine d’années. Après avoir joué sur les scènes européennes les plus prestigieuses comme Paris, Avignon, Lyon, Madrid, Utrecht, Wang Shin Shin vient de créer sa propre troupe avec laquelle elle s’élance dans de nouvelles aventures, comme l’écriture de nouvelles pièces et la création multidisciplinaire qui lui ont valu beaucoup de succès.
Durant sa carrière, elle a remporté de nombreuses récompenses dont le premier prix du concours radiophonique de Nanguan du Fujian et le “Tripode d’or ” de la meilleure chanteuse décerné par le Bureau d’Information du Gouvernement (GIO) à Taiwan. Elle a enregistré de nombreux disques dont “Méditation d’une nuit calme”, élu Meilleur album de musique traditionnelle. Elle enseigne à l’Institut de musicologie de l’Université nationale de Taïwan, au Département de musique traditionnelle de l’Université des arts de Taïwan et à l’Institut d’études théâtrales de l’Université nationale des arts de Taipei.
Doctorante à la section Hautes études asiatiques et Pacifiques de l’INALCO, elle enseigne à la faculté des sciences humaines Fouguang et au département de musique chinoise de l’université nationale des arts de Taiwan)?. Cette spécialiste de gin (cithare ancienne à sept cordes) a donné de nombreux récitals tant à Taiwan qu’à l’étranger. Citons les plus importants d’entre eux: Soliste à l’occasion de la cérémonie d’installation de M. CHU Teh-chun à l’Académie des Beaux Arts sous la Coupole de l’institut de France, Festival de Bergen. Ensemble XVIII-21 Musique, Festival d’Avignon. “Ballades mélodieuses” musique de danse pour le Théâtre du Verger des Poiriers. “Symposium sur la musique bouddhiste des deux rives” à l’Auditorium national, Festival des arts traditionnels d’Asie-Pacifique au Centre national des arts traditionnels, “Dialogue entre le thé et la musique” à l’atelier expérimental du Théâtre national et, enfin, “Joueurs d’élite des deux rives” à l’Auditorium national.