Ensemble Altynn Tuu

Chants de gorge, chants diphoniques et contes épiques de l'Altaï (Sibérie)
Ensemble Altynn Tuu

Alina Tadyrova, Sarimaï Ourtchimaev et Arzhan Toudeniev viennent tous trois de la République de l’Altaï en Sibérie russe. Région de hautes montagnes situées à la frontière de la Mongolie, de la Chine et du Kazakhstan, cette partie du globe la plus éloignée des mers est restée isolée du reste du monde pendant de longues années. Soumise au joug soviétique, elle a été intégrée à la Fédération de Russie il y a 20 ans et possède aujourd’hui le statut de république autonome.

Sarimaï Ourtchimaev et Arzhan Toudeniev sont les héritiers de la tradition millénaire des kaïtchy, les chanteurs épiques de l’Altaï. Dotés d’une mémoire prodigieuse, ces personnages sont capables de réciter des épopées de plusieurs milliers de vers et ce, pendant plusieurs jours. S’accompagnant d’un luth (le topchour) ou d’une vielle (l’ikili), ils chantent en voix de gorge les aventures extraordinaires de héros mythiques, leurs batailles contre les forces maléfiques, la mise en déroute de monstres fabuleux, leurs gloires et leurs déboires.

La récitation d’épopée, le kaï, est traditionnellement effectuée en voix de gorge. Nos deux artistes maîtrisent en effet avec virtuosité cet art vocal singulier, le « khöömeï », encore également connu en français sous les termes de chant diphonique. Pratiqué en Mongolie et dans la République voisine de Touva, c’est un chant très grave ressemblant à un vrombissement sur lequel viennent se glisser des harmoniques. Alternant les passages chantés en voix de gorge avec des mélodies aiguës rappelant le sifflement du vent dans la steppe, chaque artiste maîtrise ces surprenantes techniques vocales depuis son plus jeune âge. Nés au sein d’un univers mystique peuplé d’esprits, les instruments chamaniques, tels que la guimbarde, n’ont plus aucun secret pour eux.

Alina Tadyrova, quant à elle, est une jeune chanteuse employant une technique vocale féminine issue de sa région de naissance, une vaste steppe située à la frontière mongole. Elle accompagne ses chants traditionnels du luth topchour et de la vielle ikili, instruments qu’elle manie avec dextérité

Alina, Sarimaï et Arzhan nous proposent de partager un moment d’intimité en leur compagnie. Au cours de ce voyage musical, nous découvrirons les paysages lointains et montagneux de l’Altaï à la nature riche et préservée, aux sommets majestueux couverts de neiges éternelles, et nous ferons connaissance avec les traditions altaïennes. Entrez avec nous dans l’univers singulier de ces chanteurs hors du commun.

Alina a 20 ans. Elle est née à Tarxata, petit village proche de Kosh-Agash, le second centre démographique de l’Altaï Elle est issue d’une fratrie de six soeurs, et toutes sont artistes. Ses ancètres viennent de Touva, la République voisine de l’Altaï restée longtemps insoumise au Tsar puis aux Soviets. En compagnie de ses soeurs et de ses parents, elle a dès son plus jeune âge participé des concours de chant et de théâtre, à l’issue desquels le succès était toujours au rendezvous.

Elle a ensuite été repérée par Arzhan Toudeniev qui l’a aidé à perfectionner son jeu du topchour, de l’ikili et de la guimbarde. Elle est aujourd’hui étudiante à l’Université de la Culture d’Abakan, en Khakassie, avec pour ambition de travailler dans une Maison de la Culture.

Le lieu dont Alina et Arzhan sont originaires est une vaste steppe d’altitude où vivent de nombreux Kazakhs. La proximité de la Mongolie favorisant les échanges, la région bénéficie de l’influence de trois cultures et de fait, jouit d’une diversité musicale unique.

Arzhan, dont le prénom signifie «sacré» en altaïen, compte de nombreux chanteurs d’épopées et chamanes parmi ses ancêtres. C’est peut-être la raison pour laquelle les esprits l’ont choisi pour perpétuer la tradition de récitation de l’épopée.

Jeune artiste de 23 ans, réservé et modeste, Arzhan est né lui aussi à Kosh-Agash. Il commence à jouer de la musique dès son plus jeune âge en compagnie de son grand-père, puis il part étudier dans la capitale Gorno-Altaïsk au tout nouveau Collège de la Musique et des Arts. Depuis son retour dans son village natal, il s’implique dans la politique culturelle de sa région et enseigne la musique aux enfants dans les différentes écoles. Parallèlement, il est à la tête de l'ensemble folklorique Argymak qui, malgré sa courte existence, a déjà voyagé à travers toute la Russie et remporté de nombreux prix.

Aujourd'hui, Arzhan perpétue la tradition altaïenne de récitation de l'épopée et participe intensivement à la diffusion de cette pratique. Lorsqu’il joue, Arzhan nous donne à entendre de sa voix à la fois douce et puissante les aventures des chevaliers des siècles passés, il narre le paysage unique de Kosh-Agash, cette steppe d’altitude nue, balayée par le vent, ceinturée par de hautes montagnes où le froid règne en maître.

Sarimaï est né en 1965 à Koulada, petit village situé au fond d’une vallée étroite, au pied de l’Utch-Sumer, montagne sacrée de l’Altaï. Son village est considéré comme l’un des berceaux du Burkhanisme, la religion des Altaïens, aussi nommée «chamanisme blanc», proche du bouddhisme. Parallèlement à sa profonde connaissance des traditions chamaniques altaïennes, Sarimaï est lama et officie dans le petit temple bouddhique de la capitale de la République, Gorno-Altaïsk.

Sarimaï commence à chanter à l’âge de 7 ans. Sa mère rêvait que l’un de ses cinq enfants devienne artiste et c’est la raison pour laquelle elle offre à Sarimaï son premier instrument de musique, un accordéon.

Quelques années plus tard, revenu de l’armé, il part étudier la musique à Barnaul puis fonde l’ensemble Suner (joie). En 1991, il entre dans l’ensemble national Altaï commence parallèlement à s’intéresser au bouddhisme. Après quelques années d’études dans différents monastères de Russie, il débute ses voyages à l’étranger, d’abord pour la religion, ensuite pour la musique.

Avec l’ensemble Altaï Kaï il a voyagé dans le monde entier et a enregistré de nombreux disques. Les tournées l’ont ainsi emmené en Espagne, en Angleterre, en

Slovénie, en République Tchèque, en Allemagne, aux Etats-Unis. Après la dissolution du groupe, Sarimaï n’a pas pour autant abandonné son topchour, il continue de chanter l’épopée, tout en s’impliquant parallèlement dans l’ensemble folklorique Oyoyim.

Lorsqu’il chante, Sarimaï agrémente sa mélodie des bruits de la nature, reproduisant le son du vent dans les feuilles, le pépiement des oiseaux, le cri des petits animaux, ou encore le grognement de l’ours…c’est tout le côté sauvage de l’Altaï que Sarimaï nous propose d’écouter. trial version

Contenu interprété

Lors de leur prestation, Alina, Sarimaï et Arzhan nous proposent d’écouter plusieurs types de chants et musiques traditionnels :

Récitation d’extraits d’épopées en voix de gorge et en solo : le musicien est seul, il récite un extrait d’une épopée, dans un état proche de la transe tout en s’accompagnant au topchour, le luth à deuxc ordes. Ce genre est nommé kaï.

Duo de chants de gorge : Sarimaï et Arzhan chantent ensemble, nous font découvrir les multiples facettes du chant de gorge et du chant diphonique, qui peuvent aller du son le plus rauque et abyssal au sifflement le plus aigu. Au rythme de quelques chansons, ils nous donneront à entendre des duos accompagné au topchour, à l’ikili, à la guimbarde et au chor, flûte traditionnelle de l’Altaï.

Duo de chants rituels : dans un a-capella, Sarimaï et Arzhan entonnent les mélodies chantées par les Altaïens lors des rituels de mariage, lorsque la famille du fiancé vient « acheter » la dot au moyen de chants. Alina et Arzhan chantent ensemble des mélopées venues de la steppe, aux accents mongols.

Solo de chansons traditionnelles : Alina nous fait découvrir le T’ianar, technique vocale féminine de sa région, au travers de chants magnifiant la beauté du paysage, la solitude de la femme et son ardeur au travail lorsque son mari est parti en campagne de chasse.

Solo de guimbarde et imitation des bruits d’animaux: Sarimaï nous emmène à la découverte du son envoûtant de la guimbarde, et parsème son jeu d’un dialogue entre bergers dans la nature. On entendra le pépiement des oiseaux, l’excitation des chevaux, les chiens gardant le troupeau, le départ pour la chasse à l’ours.


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